Un peu d'Histoire..
Les Teikei 提携
Un des exemples le plus ancien du concept a émergé dans les années 1960 au Japon. À l'époque, des mères de familles japonaises s’inquiètent de voir l’agriculture s’industrialiser avec un recours massif aux produits chimiques (en 1957, les premières victimes de Minamata, empoisonnées au mercure, sont déclarées).Ces mères fondent alors en 1965 les premiers teikei (提携, signifiant en japonais « coopération », « collaboration » ou « partenariat ») qui concernent d'abord des coopératives laitières.
Le principe de fonctionnement est le suivant : en échange de l’achat par souscription de la récolte du paysan, ce dernier s’engage à fournir des aliments cultivés sans produits chimiques.
Food guilds suisses, CSA nord-américains
À la même époque en Suisse, des fermes communautaires nommées food guilds (ou association alimentaire) développent leur propre partenariat avec les consommateur.rices du territoire en leur fournissant chaque semaine des produits frais (légumes, lait, œufs et fromages).Aux États-Unis en 1985, un fermier de retour de Suisse après avoir étudié les food guilds rencontre alors Robyn Van Hen, une agricultrice bio du Massachusetts. Avec l’aide d’autres producteur.rices et de consommateur.rices, ils fondent la première Community Supported Agriculture à la ferme Indian Line de Robyn. Le concept se répand ensuite rapidement par bouche-à-oreille dans tous les États-Unis, puis gagne le Canada (ASC).
Retour en France
Le principe d'une distribution hebdomadaire de légumes à des réseaux d'adhérents-consommateurs a été introduit en France par les Jardins de Cocagne aux débuts des années 1990 (chantiers d'insertion de personnes en difficulté par le maraîchage biologique).En 2000, Denise et Daniel Vuillon, couple de maraîcher.es pratiquant déjà la vente directe et une production biodiversifiée dans l'ouest du Var à Ollioules, rendirent visite à leur fille en stage d'architecture aux États-Unis. En parcourant une rue à Manhattan, Daniel Vuillon aperçut des gens qui s'affairaient autour de gros paniers de légumes sur le parvis d'une petite église. Intrigués, les Vuillon découvrirent alors un groupe de consommateur.rices de Community Supported Agriculture que leur fermier venait de livrer en légumes fraîchement récoltés. Ils rendirent donc visite à ce fermier à une heure de route de New-York, ils discutèrent de cette expérience, trouvèrent l'idée intéressante et l’étudièrent sur place.
À la suite d'une réunion organisée par ATTAC à Aubagne en février 2001 sur le thème de la « malbouffe », durant laquelle Mme et M. Vuillon présentèrent le concept des CSA et ses avantages, des consommateur.rices furent motivé.es. Trois réunions se sont tenues. Le 8 avril avait lieu le pique-nique à la ferme qui reste une étape importante dans la création de la première AMAP de France. Le 17 avril 2001, le premier panier (sur un total de trente-deux) était livré par « Les Olivades » aux consommateur.rices d'Aubagne. Cette première distribution s'est déroulée sur un parking mis à disposition par une « amapienne ».
Estimant le contexte favorable au développement de ce type d’initiative, ces maraîcher.es, membres de la Confédération paysanne du Var, avec d’autres associations, envisagèrent de créer une structure chargée d’accompagner les porteurs de projet AMAP dans la région. Alliance Provence fut alors fondée le 10 mai 2001. En Île-de-France, la première AMAP est créée à Pantin pour un nombre qui atteint 300 en l'an 2014 et plus de 1600 en 2020.
A Langeac en Haute-Loire
Sur le marché de Langeac en 2007, comme tous les jeudis matins depuis plusieurs années, Françoise vend ses fromages de chèvres de la vallée de la Desges.
Les habitué.e.s se pressent autour du stand, les fromages sont bios et c'est rare.
Dans la file, parmi les inconnus, on devine des touristes, des futures mamans en congé maternité et des jeunes parents en quête de nourriture saine.
A la question récurrente "Comment faire pour trouver des produits bios en dehors du marché quand on travaille ? Françoise n'a pas vraiment de réponse. Elle se renseigne, il faut se regrouper pour réfléchir ensemble à une solution, on peut s'inscrire sur le papier posé sur son stand.
Une liste de personnes motivées voit le jour sur les stands bios, elles se réuniront à la mairie afin de mettre au point un circuit court d'alimentation locale.
L'AMAP Absolu fonctionne déjà à Brioude et ses amapien.nes bienveillant.e.s nous aideront au montage administratif.
D'autres habitant.e.s du Haut-Allier nous rejoignent sous le slogan Manger autrement, c'est possible ! Une AMAP se crée à Langeac.
Quelques producteurs sont là, un petit groupe motivé autour de Christelle travaille pour organiser les distributions, concevoir les documents, trouver un local de distribution.
Nous sommes en 2008 et c'est parti ...
Quelques mois plus tard, pour sensibiliser les parents, élu.es, les personnels de restauration collective à la nécessité de manger bio dans les cantines, nous projetterons le film Nos enfants nous accuseront qui relate la courageuse initiative de la municipalité de Barjac qui a réussi à mettre en place une cantine bio pour les enfants du village.
L'AMAP du Haut-Allier en 2020
L'AMAP fonctionne depuis 12 ans avec une quinzaine de producteur.trices et une centaine de familles adhérentes (125 en 2019).
Au départ, les rencontres hebdomadaires s'organisaient au Mille club, dans une salle partagée avec d'autres associations. Depuis 2010 la municipalité a mis à notre disposition un local situé au rez-de-chaussée de l'ancienne gendarmerie donnant sur un grand parking par lequel on accède au parc de l'île d'amour, sa salle des fêtes et ses terrains de jeux.
Enterré sur trois côtés, notre local est naturellement climatisé en été.
Deux salles voutées dont une agencée, avec au fond le guichet accueil et deux cachots qui ont été aménagés en coin jeux pour les enfants.
Sur la droite l'autre salle et d'autres cachots servent de rangement pour les cagettes, un peu de mobilier.